Thorbul, un nain pas porte lequel

Thorbul naquit dans la cité de Kadraz Romrhin, un bastion oriental nain niché à la frontière de la ceinture de Ténélion. Reconnue pour ses forges chantantes et ses artisans de renom, Kadraz Romrhin prospérait grâce à l’art de travailler généralement le bois, la pierre mais également des matériaux plus rares dont le monde raffolait, le mithril et les gemmes. Thorbul grandit entouré du fracas des pioches sur la roche et des marteaux sur l’enclume. Pourtant, le jeune nain ne se sentit jamais à sa place dans ce cocon étincelant de métal et de feu. Certes l’artisanat l’intéressait au point de confectionner toutes sortes de choses, notamment pour améliorer son quotidien, mais il passait le plus clair de son temps auprès de Balrik, ancien aventurier, à écouter le récit de ses glorieux exploits. Malgré l’exagération flagrante de ses histoires, Thorbul savait qu’une part de vérité non négligeable était diluée par le vieux nain.

Dès qu’il eut l’âge de porter une hache, il abandonna les ateliers familiaux pour explorer les grottes inexplorées, arpenter les cols enneigés, et découvrir les bois attenants à Kadraz Romrhin. Il y découvrit une connexion profonde avec la nature, aussi froide et implacable qu’elle pouvait être accueillante. Il lui arrivait même de ne pas rentrer pendant plusieurs jours afin de pister une bête quelconque, juste pour le plaisir.

Comme tout nain quand le temps fut venu, il rentra dans l’armée. Il fit quelques années au sein d’un régiment, mais rapidement, ses supérieurs remarquèrent son ennui pour les manœuvres de corps procédurières. Il fut rapidement transféré au sein du bataillon d’exploration, en charge du maintien des postes avancés. il y fit ses classes. Ni excellent, ni mauvais, il réussit à se faire un nom auprès de ses frères d’armes qui le considéraient comme un élément fiable et loyal. Avec lui, le travail était fait.

Pour parfaire sa formation, il fut intégré aux manœuvres communes annuelles avec les autres races. Ces évènements avaient été créés dans le but de survivre en terrain hostile, surtout depuis l’avènement des dragons. Cela permettait également de classifier les soldats aspirant à la nature. Malgré quelques difficultés, il parvient à se qualifier jusqu’à l’examen final. Cet examen final consistait, en binôme à […]. Cela permettait aux examinateurs de constater les compétences de survie, pistage etc, mais également de mesurer la coopération et l’entraide entre les protagonistes, car seul dans la nature, les chances de survies sont drastiquement réduites, surtout en ces temps sombres. Il fut associé à […], semi-orc qu’il ne connaissait pas du tout. L’épreuve débutant Thorbul commenca à exécuter ce qu’on lui avait appris. Mais le semi-orc avait d’autres idées en tête. Plutôt que de bêtement répéter inlassablement ce qu’on lui avait appris, il proposa à Thorbul une approche certes risquée, mais novatrice. Toujours en quête de nouveau, Thorbul accepta cette proposition, un peu méfiant du déroulé.

Comme tout bon nain qui se respecte, Thorbul passait du temps, beaucoup de temps à la taverne dès le soleil couché. Un soir comme un autre au Marteau Mousseux, taverne du quartier des artisans de Kadraz Romrhin ou Thorbul avait une ardoise longue comme sa barbe, le ranger sirota litre de bière après litre de bière en faisant connaissance avec de nouvelles têtes. Boisson après boisson, les langues se déliaient et Thorbul, de moins en moins sobre commença à narrer ses héroïques aventures, grandement inspirées de son mentor Balrik, à qui voulait bien les entendre. Au démarrage, les gens furent happés par les récits du jeune nain, mais très vite, l’on distingua des incohérences et surtout des absurdités. Les aventures de Balrik étaient bonnes pour les enfants. Lui, vaincre un dragon avec un caillou ? la bonne blague !

Alors que les gens se lassaient des stupidités du nain, et surtout de son combat contre un dragon, une atmosphère pesante commença à tomber sur la taverne. Les lumières diminuèrent, sauf sur Thorbul, un grondement sourd se fit entendre, une tête de dragon commença à se dessiner derrière Thorbul. « OUAIIIII !!! Il était exactement comme ça » s’écria le nain bourré en désignant la tête. Il se pencha pour ramasser un caillou, « j’ai ramassé un énorme rocher », et hop ! le caillou se transforma en énorme rocher. « Oh » fit le nain presque louchant « ha ouai ! et j’lui ai balancé en plein dans sa grande gueule, paf ! ». il monta sur la table et lança le rocher vers la tête du dragon. Tout le monde cria de peur. La tête du dragon disparu quand le rocher le traversa, et le rocher s’évapora également. Seul le bruit d’un petit caillou se fit entendre sur le plancher de la taverne. Un gros silence suivi l’histoire. Complètement éméché, Thorbul commença à rire doucement, de plus en plus fort. Puis une voix se fit entendre : « hahaha malgré la binouze, j’ai quand même réussi un sacré tour, hein le nain ?». le nain balaya du regard autour de lui pour trouver d’où venait cette voix, puis il baissa les yeux vers un gnome titubant. « c’était donc toi ? hahahaha sacré performance l’ami ! hé… hé, attends viens on va boire ! ». Il termina la soirée bourré en caleçon à dormir sur le sol à coté de son lit, pensant être encore à Kadraz Romrhin après une journée de glandouille dans la nature.

Son rang de Ranger atteint, il fit quelques années au sein des avant-postes de Kadraz Romrhin, mais rapidement l’envie d’aventure grandit. Il entendit parler d’une ancienne cité naine,Korh Marad, sur laquelle fut érigée Kaz’Andhul, aujourd’hui surnommé la flèche d’acier. De nombreux artisans et forgerons de renom s’y trouveraient. C’est cette curiosité qui le poussa à préparer son voyage pour atteindre ce sanctuaire. Pour cela, chaque mois un départ de caravane était organisé pour joindre les deux villes. Thorbul postula en tant qu’escorte pour le convoi pour traverser les terres hostiles de Béréliande en Tenelion. Le voyage dura 1 mois sans encombre particulière. Lors de son arrivée à l’ancien avant-poste, comme à son habitude, Le jeune ranger nain laissa son arc pour une chope de bière dans une des tavernes. Quelle ne fut pas sa surprise d’y croiser le fameux gnome avec qui il eut tant de pérégrinations aussi stupides qu’épiques, et comme d’habitude, ils terminèrent la soirée par terre à rire.