Sorghôl est un sanguin de race demi-orque.
Grand et costaud, il arbore une cuirasse faite en partie d’ossements et de peaux de bêtes qu’il a tué durant ses errances.
Son corps est strié de nombreuses cicatrices, sa bouche ne sait plus sourire depuis des années et son visage est tatoué.
Instinctivement il évite les contacts sociaux et sa participation à l’expédition de la Caravane de Tiliss ne tient qu’à la présence du Caporal Ness et à son désir de fuir le plus loin possible.
Il ne parle globalement que par grognements et se soucie peu de l’opinion des autres.
Il se considère lui-même comme une sorte de monstre et préfère combattre à coups de griffes et de morsures plutôt qu’avec une arme manufacturée.
Notons enfin qu’il a découvert tardivement ses pouvoirs de sanguin puisqu’il a longtemps pensé être un simple barbare. Il maîtrise donc encore mal sa rage sanguine et ne se souvient que vaguement de ses actions dans ces moments là, préférant laisser son côté bestial prendre le dessus.
Partie I
Depuis sa plus tendre enfance Sorghôl était destiné à avoir un destin prestigieux.
Ainsi en avaient décidé Ceux qui se Penchent sur les Berceaux et, comme chacun le sait, Ils ne se trompent jamais.
Né un soir de pleine lune où les astres brillaient étonnamment fort, alors même que la famine et le froid disséminaient la tribu de demi-orques, le bébé faisait figure de miraculé et nombreux sont ceux ayant vu en lui le symbole d’un nouvel espoir.
Sorghôl serait fort, Sorghôl serait juste et Sorghôl mènerait la tribu Gränk à la gloire.
Sa naissance annonça le retour de journées plus douces. La chasse devint plus facile, les proies plus nombreuses, les arbres commencèrent à se charger de lourds fruits sucrés… Accompagnés par la flûte du barde de nombreux membres de la tribu se mirent à chanter les louanges de Sorghôl, cet enfant si merveilleux qui portait en lui le soleil. D’autres, plus pragmatiques, remarquèrent l’arrivée du printemps.
Quoi qu’il en soit chacun était d’accord pour dire que cet enfant devait être choyé, protégé comme un précieux talisman, puisqu’il sauverait un jour la tribu.
Ainsi, le premier fait glorieux de Sorghôl fût de réussir par sa simple naissance à unifier la tribu. Et quiconque a déjà côtoyé un demi-orque sait à quel point le rendre altruiste relève de l’exploit.
C’est ce que Sorghôl fit pourtant. Et alors que les demi-orques s’étaient toujours montrés égoïstes et agressifs, ils devinrent amicaux et solidaires, prêts à s’unir pour participer à l’épanouissement de cet enfant prodige. Nulle bonté d’âme dans ce changement, chacun désirait simplement pouvoir s’adjuger un peu de cette prometteuse destinée portée par l’enfant, se montrer cléments semblant être un sacrifice raisonnable.
Évidemment, les premières années vinrent confirmer la prophétie.
Élevé par une famille aimante au sein d’une tribu sauvage mais chaleureuse, de bébé miraculé Sorghôl devint enfant choyé.
Sa première canine, sa première bagarre, sa première cicatrice… Tout était sujet à faire la fête.
Depuis sa naissance les Gränk vivaient dans l’opulence. Portés par un renouveau de confiance et de courage ils pillaient les tribus ennemies, envahissaient les villages proches, débarrassaient les forêts des bêtes féroces et ne cessaient d’accroître leur campement et leur population.
Sorghôl se révélait fidèle aux attentes. Ce n’était certes ni le plus sage, ni le plus rusé mais il était brave, toujours prêt à se battre, et c’est bien volontiers qu’on lui octroyait une affection et une aide sans faille.
Naturellement, le présage de Ceux qui se Penchent sur les Berceaux n’y était toujours pas étranger… Chacun savait les lourdes responsabilités amenées à peser sur les épaules de Sorghôl lorsqu’il serait plus grand, aussi on le traitait avec toute la bienveillance possible. Après tout, ne devait-il pas être un jour celui qui exaucerait tous les vœux de la tribu ?
C’est dans cette douce ambiance que s’égrenèrent les mois, puis les années. La vie semblait plutôt facile pour Sorghôl qui n’avait de cesse de se faire de nouveaux amis et dont chaque progrès était rapporté puis applaudi.
Vite il s’était révélé être le plus grand et le plus costaud des demi-orques du groupe. Plus grand même que Marzafti qui jusque là avait toujours fait figure d’exception.
Mais surtout, fait étonnant étant donnée sa race, Sorghôl était beau. D’une beauté particulière bien entendu, mais qui ne laissait personne indifférent. Tandis que les filles de la tribu s’imaginaient avec plaisir dans ses bras, les garçons étaient en proie à un mélange d’admiration et d’envie.
Ajoutez à cela qu’il était spontanément serviable et vous comprendrez qu’il soit rapidement devenu le modèle à suivre, celui dont on veut être l’ami, quitte à devoir, pour cela, rester dans son ombre à tout jamais.
Le deuxième fait glorieux de Sorghôl eu lieu peu de temps après ses huit ans.
Un matin, alors que presque tous dormait, deux ours sanguinaires approchèrent du campement. Sans doute attirés par les restes de nourriture de la veille encore entassés près du feu de camps, ils ne firent qu’une bouchée du garde qui somnolait près de là.
Sorghôl fût le premier à les entendre et sans hésiter il attrapa une fourche pour se jeter sur le plus gros en poussant un cri de guerre ! Mais l’ours, bien peu impressionné, lui asséna un violent coup de griffe qui le fit trébucher.
Au sol, sentant sa dernière heure arriver, Sorghôl connut la peur pour la première fois.
Alors il ferma les yeux de toutes ses forces comme si la mort pouvait en devenir plus douce.
Au bout de quelques secondes pourtant, il dût se rendre à l’évidence : il n’était pas encore mort. Comme si le coup fatal de l’ours était resté suspendu en l’air…
Osant ouvrir un œil il mit un petit temps à comprendre que sa bonne fortune lui avait sourit une fois de plus… L’ours s’était planté la fourche dans la patte en avançant et avait eu un mouvement de recul.
Mû par une poussée d’adrénaline, Sorghôl fût vif et d’un mouvement sec il se releva et agrippa la fourche pour la planter dans le ventre de la bête.
C’est cette dernière scène que virent les membres de la tribu à présent éveillés : un demi-orque de huit ans tuant un ours sanguinaire faisant trois fois sa taille.
Les râles de l’ours laissèrent place aux exclamations de joie et aux accolades, chacun souhaitant féliciter le vainqueur.
Sans le jeune Marzafti, qui, habile avec son arc, avait fait fuir le second ours, Sorghôl ne s’en serait certainement pas sorti aussi bien. Mais nul n’y prêta attention et notre héros une fois encore récolta les honneurs.
Ainsi, tout portait à croire que Sorghôl aurait un avenir radieux marqué par la chance. C’est d’ailleurs ce que vous diront toutes les personnes l’ayant côtoyé à cette époque.
Pourrait-on les blâmer d’y avoir cru si fort ? Non, sans conteste. A cet instant précis nul n’aurait pu douter.
Sorghôl aurait une vie glorieuse car Ceux qui se Penchent sur les Berceaux en avaient convenu ainsi pour lui. Et évidemment, il ne viendrait l’idée à personne d’aller à l’encontre de leur volonté.
Les années suivantes ne firent, à leur tour, qu’appuyer la prophétie.
Les chemins empruntés par notre ami Sorghôl étaient toujours aussi verdoyants, comme si la chance ne pouvait déjà se résoudre à l’abandonner. D’enfant choyé il devint donc adolescent idolâtré.
Il réussit un brillant apprentissage pour devenir barbare comme son père et son grand-père avant lui. Il apprit à maîtriser sa puissance, à encaisser les coups et à manier des armes que beaucoup n’aurait même pas osé soulever. Il s’entraîna aussi à porter de grosses armures, à faire un maximum de dégâts et à anticiper et esquiver les dangers.
Fort de sa légendaire chance et de son application, il s’améliora très rapidement.
Durant son temps libre il prit même soin d’accompagner le chef du village, un imposant chaman, dont il devait être amené à prendre la succession.
Lors de rencontres avec des hordes ennemies, lors des combats pour un territoire ou même lorsqu’il fallait migrer pour pallier à la famine et au froid, Sorghôl ne cessait de combler les espoirs de sa tribu en la menant vers la gloire et la sérénité. Les éloges coulaient à flots et sa réputation s’étendaient jusqu’aux contrées voisines.
Après tant de victoires éclatantes, vint le moment pour lui de prendre une épouse.
Comme lorsqu’elles n’étaient encore que des enfants, de nombreuses femmes de la tribu se mirent à nouveau à rêver d’un agréable avenir auprès de lui.
C’est Mila qui fût l’heureuse élue, une demi-orque à l’esprit affûte et à la peau étonnamment douce.
Ce ne sont ni pour ses talents de prêtresse, ni pour sa grande sagesse, que la jeune pucelle fût choisi. Non, ce sont ses larges hanches faites pour enfanter et sa santé à toute épreuve qui décidèrent Ceux qui se Penchent sur les Berceaux. A croire qu’ils se devaient aussi de se pencher sur le lit conjugal.
Il en était toujours allé ainsi, la tribu privilégiait les unions de convenance et la plupart des couples n’avait pour unique but que la pérennité de la race. Accoupler Sorghôl et Mila résultait d’une froide logique et de calculs savants.
Mais pour eux les choses étaient bien différentes, car ces deux-là s’aimaient…
Aux yeux de Sorghôl, Mila était celle grâce à qui son destin radieux prendrait sens, l’unique personne pouvant justifier à elle seule son désir de vivre. Il jura de la protéger au détriment de sa propre existence.
Aux yeux de Mila, Sorghôl était celui qu’elle avait toujours attendu, le seul qu’elle pourrait tant aimer. Elle jura de la soutenir jusqu’à la mort.
Bien vite elle fût sa vie et lui la sienne, rien n’aurait pu éloigner leurs cœurs.
Les jours glorieux continuèrent à couler lentement et Mila donna à Sorghôl un fils. Ce fût un soir de fête mémorable dont les proches tribus se souviennent encore.
Jamais Sorghôl n’aurait cru pouvoir connaître telle félicité. Depuis longtemps déjà il se pensait condamné à faire passer le bonheur de la tribu avant le sien.
D’adolescent idolâtré Sorghôl devint alors adulte comblé et l’histoire aurait pu s’arrêter là.
L’histoire aurait dû s’arrêter là.
Mila et Sorghôl auraient pu vivre heureux, fonder une grande famille… Sorghôl aurait pu continuer à honorer la tribu par sa bravoure, Mila aurait pu continuer à le soutenir dans chacune de ses ambitions…
C’est sûrement ainsi que les choses se seraient passées dans un joli conte.
Mais nous ne sommes pas dans un joli conte.
Partie II
C’est ici que tout commence, ici que s’entremêlent les destins.
Par une froide journée de printemps, les Gränk installaient leur campement au centre d’une grande prairie sur le flanc d’une abrupte colline. L’herbe verdoyant sous une fine couche de neige et les arbres portant les premiers fruits promettaient une belle saison. Il avait d’ailleurs fallu se battre pour obtenir cet emplacement de premier choix, protégé par des rochers, ombragé et paré d’une rivière d’eau fraîche où sautillaient de nombreux poissons inconscients encore du sort que leur réservait la tribu affamée. Quelques bêtes féroces rôdaient encore dans la forêt avoisinante, bien vite il faudrait organiser une expédition.
Tout autour de la tente de Sorghôl et Mila, fleurissaient celles des autres Gränk, chacun voulant être au plus près du chef. Le feu de camps déjà flamboyait et les femmes s’étaient attelées à la cuisine alors que les hommes pêchaient.
Seul Marzafti, devenu un jeune et puissant guerrier, se tenait à l’écart. Depuis quelques temps déjà il était lassé de vivre dans l’ombre de Sorghôl et préparait en secret sa vengeance.
Dès son plus jeune âge ses parents lui avait reproché de ne pas être courageux comme Sorghôl, fort comme Sorghôl, beau comme Sorghôl.
Il avait appris à vivre ainsi, se répétant chaque jour qu’il ne valait rien et qu’il devait s’appliquer à servir « Le grand Sorghôl ». Il s’était même habitué à cela au point de respecter Sorghôl encore plus qu’il ne le haïssait et jamais au grand jamais il n’aurait osé aller à l’encontre d’une des volontés du chef à la destinée si prometteuse.
Pourtant son cœur se brisait un peu plus à chaque fois que son regard croisait Mila pendue au bras de son ennemi juré, tenant leur fils par la main.
S’il avait accepté sans sourciller qu’elle soit pour Sorghôl à cause de la prophétie, il n’en souffrait pas moins et restait convaincu que cette famille aurait dû être la sienne.
Mais voilà quelques temps, alors qu’il les observait de loin, Mila lui avait souri. C’était juste un petit sourire, tout simple, innocent, anodin… Peut-être que ce sourire n’était même pas pour lui d’ailleurs, mais à cet instant tout avait basculé. C’est ce jour là qu’il avait pris la décision.
Il devrait tuer Sorghôl pour être heureux.
Pendant que les autres finissaient de s’installer Marzafti s’éclipsa. Nul besoin d’être discret puisque personne ne prêtait jamais attention à lui. Il manqua ainsi une soirée festive durant laquelle Mila annonça à un Sorghôl radieux sa seconde grossesse.
A son retour la nuit était entamée et de lourds nuages déversaient une pluie torrentielle sur le campement. Les demi-orques avaient rejoint leur tente et la plupart dormait déjà, bien à l’abri de l’orage. Sorghôl quant-à lui veillait, assis au pied d’un grand arbre.
Malgré le danger que pouvait représenter le fait de rester en solitaire il avait eu envie de prendre un peu de temps pour contempler son bonheur immense et remercier les dieux.
Sans même lui accorder un regard Marzafti était rentré se coucher dans sa tente. Cette nuit là il dormit d’un sommeil paisible, un énigmatique sourire figé sur les lèvres.
Au matin Sorghôl n’était plus. Tout simplement.
Seules demeuraient trois petites gouttes de sang sur la steppe enneigée…
Longtemps la tribu le chercha. Ce valeureux chef de clan, cet fier barbare, cet être en qui tant d’espoirs avaient été placés…
On organisa des battus, on demanda de l’aide aux tribus voisines, on remua ciel et terre porté par la peur d’avoir perdu celui qui devait offrir à la tribu son brillant avenir.
Mais personne ne le retrouva.
Longtemps sa femme le pleura. Ce demi-orque tendre, ce père aimant, cet amant avec qui elle se voyait vieillir…
Et longtemps le vent porta l’écho de ses pleurs nocturnes…
Mais le temps fait son œuvre et la mémoire peu à peu s’efface.
Durant des mois, par respect pour Sorghôl, les hommes de la tribu ne s’étaient que peu approchés de Mila mais vînt le moment de s’accoupler à nouveau. Un par un ils lui firent la cour.
Mila résista, aucun ne lui semblait digne de succéder à son bien-aimé Sorghôl. Mais ses enfants avaient besoin d’un père et la solitude lui pesait.
Le froid d’un premier hiver sans Sorghôl acheva de la convaincre et Mila choisit un guerrier du nom de Raganif.
Il n’était peut-être pas aussi bon amant que Sorghôl, ni aussi fort et aimant, mais c’était à présent tout ce qu’elle pouvait avoir et elle le savait.
On raconte que le sourire de Raganif ressemblait à celui de Sorghôl, peut-être était-ce pour cela que Mila jeta son dévolu sur lui. Et en effet, lorsque dans ses bons jours il lui arrivait de sourire, Mila retrouvait un instant son amour perdu.
Mais Raganif souriait rarement et Mila oublia. Peu à peu elle se fît à l’idée de ce nouvel être partageant sa couche, sa possessivité et son sérieux qui d’abord la rebutaient finirent par la séduire.
C’est ainsi que Sorghôl perdit d’abord sa femme.
Vînt ensuite le tour de ses enfants. La disparition de Sorghôl creusa un grand vide dans le cœur du premier. Pendant plusieurs semaines il refusa de parler et passa ses journées blotti dans la fourrure qu’arborait son père lors des soirées d’hiver. Il jura de partir à la recherche de Sorghôl, de fuir la tribu si on l’en empêchait. Mais à 5 ans on est plein de jolis rêves qui ne se réaliseront jamais.
Le courage lui manquait et à force de repousser son expédition au jour suivant il finit par oublier toutes ces si belles intentions.
Le second enfant apprit à grandir porté par une vénération sans faille pour celui qu’il pensait être son père : Raganif. Bien sûr on lui avait parlé de Sorghôl, on lui avait dit et répété que son père n’était plus mais qu’il avait marqué la tribu par sa bravoure. Mais l’enfant n’y prêtait guère attention. Les morts ne font jamais le poids face aux vivants.
C’est ainsi que Sorghôl perdit ses deux enfants.
Lui restait encore l’admiration et le respect de sa tribu. Malheureusement ce n’était qu’une question de temps avant que cela disparaisse aussi.
Un an après sa disparition, la tribu célébrait déjà de nouveaux héros et la prophétie de Sorghôl tomba dans l’oubli.
Peut-être que tout aurait été différent si Mila lui avait avoué sa nouvelle grossesse plus tôt, si la tempête n’avait pas fait rage cette nuit là, ou bien encore si la tribu s’était soucié de Sorghôl autant que de la gloire qu’il devait apporter…
Oh oui tout aurait été singulièrement différent !
Mais puisqu’il n’en a pas été ainsi, voici ce qui s’est réellement passé ce fameux soir où le destin de Sorghôl s’est brisé.
Partie III
Aveuglé par son désir de détruire Sorghôl, Marzafti passa un pacte de servitude avec Zon-Kuthon l’abject Dieu des tortures.
Il jura de le glorifier et de répandre son règne de souffrance en se joignant aux autres partisans afin de torturer sans fin des innocents.
Comme gage de son attachement au Prince des Ténèbres, il livra Sorghôl, promettant aux membres du culte qu’il serait plus résistant que leur habituelles victimes et leur fournirait de longs mois de divertissement.
Alors ce soir là, lorsque toute la tribu dormait d’un sommeil paisible, les adorateurs de Zon-Kuthon s’étaient introduits dans le campement pour prendre leur proie.
A partir de cet instant les journées de Sorghôl furent rythmées par l’ingéniosité et la créativité de ses bourreaux en matière de tortures…
Obéissants aux diktats de leur Dieu, ils s’appliquaient à le faire souffrir jusqu’à l’évanouissement pour mieux recommencer un peu plus tard. Coups de chaînes à clous, manipulations, humiliations, viols, scarifications, rien n’était oublié.
Nul besoin d’en dire plus, quiconque a déjà entendu parler de Zon-Khuton sait à quel point ses fidèles peuvent être cruels pour l’honorer.
Sorghôl parle bien peu de cette période de sa vie qu’il s’applique à laisser dans le flou. Peut-être essaye t-il de l’oublier lui-même, bien que son corps couvert de cicatrices le ramène sans cesse à ces douloureux souvenirs.
Tout ce qu’on l’on sait, c’est qu’à la pensée de sa femme, à la pensée de son fils et de cet enfant qu’il n’avait pas vu naître, il endurait chaque jour de torture sans jamais se briser.
Depuis un moment déjà il ne parlait plus.
Au début bien sûr il s’était débattu, il avait usé de sa force, mordu, frappé, crié… Se rebellant contre ce destin funeste qui ne devait pas être le sien.
Mais à présent il subissait simplement, son esprit au bord de la folie oscillant entre les larmes et le rire, son corps rompu le soutenant à peine.
Il attendait les instants fugaces de repos, ces courts moments où les adorateurs de Zon-Kuthon le délaissaient au profit d’un nouvel arrivant. Mais ils en revenaient immanquablement à lui, une fois leur nouveau jouet cassé.
Tel était le quotidien de Sorghôl et cela aurait pu continuer longtemps ainsi.
Un soir pourtant quelqu’un oublia de fermer la porte de sa cellule… Sorghôl n’hésita pas un instant à saisir cette chance que lui offrait le destin.
A la nuit tombée il se glissa dans la pénombre après avoir assommé le garde qui se trouvait au bout du couloir.
Il eut du mal à tenir sur ses jambes et au bruit de l’agitation qui régnait tout à coup dans le campement il comprit qu’il serait rattrapé avant même d’avoir parcouru quelques centaines de mètres. Alors, effrayé à l’idée d’être à nouveau tenu en captivité et torturé, le demi-orque à bout de force se cacha dans l’aspérité d’une roche.
Il resta accroupi, le souffle coupé et le regard apeuré, durant de longues heures. Il n’osa sortir de sa cachette qu’au petit matin après une nuit d’épouvante passée à scruter le moindre mouvement.
Les membres ankylosés il reprit sa route sans même savoir où ses pas le mèneraient, ne pensant qu’à fuir le plus loin possible.
Il fallut du temps pour que le désir de vivre remplace la terreur et le demi-orque brisé erra un moment avant de prendre la décision de rejoindre sa tribu.
Partie IV
Sorghôl, porteur d’un avenir si prometteur, avait toujours pensé qu’il retrouverait sa famille et sa tribu unie lors d’un retour acclamé.
Le retour fût laborieux, il dût pister des traces de pas, interroger des gens, faire appel à son instinct pour retrouver le campement de sa tribu. Cela prit du temps mais jamais il ne recula, jamais il ne songea ne serait-ce qu’un instant à abandonner, porté par l’espoir immense de pouvoir à nouveau serrer sa chère Mila dans ses bras, voir le sourire de son fils, regarder son autre enfant grandir…
Après des jours de marche il aperçut enfin le campement tant attendu et, alors même qu’il pensait ses jambes prêtes à lâcher, il se mit à courir.
Il arriva le premier jour de l’hiver, portant avec lui le froid, les maladies et la famine.
Nul ne vint l’accueillir. Personne ne sembla se réjouir de le voir. Pire, on le regardait comme un pestiféré. Était-ce à cause des cicatrices encore fraîches sur son corps ? Ou bien à cause du sang coagulé près de sa bouche ?
Arrivé devant la première tente, il vit les mines choquées et les regards fuyants. Une fois au cœur du camps il entendit des murmures insistants et gênés. Mais il ne comprit pas tout de suite.
Il ne voulait pas comprendre, il ne voulait pas savoir.
Un à un ses anciens amis préférait lui tourner le dos, chacun semblait tout à coup accaparé par de nombreuses tâches. On l’observait discrètement, on le fuyait. Les mères cachaient leurs enfants et les pères s’armaient de ce qu’ils avaient à portée de main.
Dans un soupir il continua à avancer, prenant la direction de l’imposante tente centrale qui avait été la sienne. La dernière soirée auprès des siens lui revint peu à peu en mémoire.
Fermant les yeux, il se rappela pêle-mêle le repas gargantuesque, les rires de son fils, la nouvelle de la grossesse, sa femme bienheureuse dansant dans la lumière du soir au milieu d’une fête endiablée…
Il lui semblait que c’était il y a une éternité… Presque une autre vie.
C’était il y a deux ans, mais ça Sorghôl qui avait perdu toute notion de temps l’ignorait.
Il tenta de parler mais cela faisait si longtemps que les mots refusaient de se former sur ses lèvres.
En approchant il vit Mila dans les bras de Raganif, un demi-orque avec qui il avait passé de bons moments durant sa jeunesse.
Sa femme parut abasourdie en le voyant et ses enfants prirent la fuite lorsqu’il leur tendit les bras.
Il comprit qu’il avait été remplacé puis oublié, qu’il ne restait ici plus rien pour lui. Il lui sembla entendre des rires moqueurs, des chuchotements dédaigneux, des insultes… Peut-être que ce n’était que dans sa tête…
C’est à ce moment là qu’il vit Marzafti, le seul à ne pas détourner le regard. Bien au contraire, le guerrier planta ses yeux dans ceux de Sorghôl et sourit. Un sourire malsain, comme s’il se réjouissait de voir l’ancien chef tombé si bas.
A leur tour Ceux qui se Penchent sur les Berceaux tournèrent leur regard vers Sorghôl. Leur sentence tomba comme un couperet : il n’était plus le bienvenu ici.
Depuis plusieurs mois déjà ils avaient vu que le retour de Sorghôl apporterait la mort.
Sous le choc face à cet accueil si loin de ce qu’il avait espéré, Sorghôl fût pris d’un fou-rire dément qui secoua ses entrailles.
Alors il entra dans une rage sanguinaire qui eût tôt fait d’occulter tout sens critique en lui.
Incapable de réfléchir, ou même seulement de penser, il eu la sensation que ses ongles devenaient griffes et il rua en poussant des grognements sauvages découvrant ses grands crocs acérés.
Jamais encore il n’avait éprouvé un tel sentiment de puissance. Un sentiment si fort et imprévisible qu’il en devint rapidement incontrôlable. Rien à voir avec la rage qu’il avait appris à dompter durant ses longs entraînements.
Il laissa couler cette énergie nouvelle dans ses veines comme si elle avait été contenue durant de trop longues années.
Face à lui ne se dressaient plus des amis, des compagnons, des femmes et des enfants. Seul comptaient sa haine et son désespoir transformant chaque figure familière en une étrange absurdité.
Ces visages perdirent leur sens et leur valeur. A quoi bon s’encombrer du souvenir des jours meilleurs ?
Alors Sorghôl s’abandonna pleinement à la rage et à cette sourde magie agitant son sang.
Il dégusta ce nouveau sentiment, se délectant de toutes ces sensations qu’il expérimentait pour la première fois.
D’abord la transformation fût physique. Sa vue se troubla et son corps tendu se mit irrépressiblement à trembler alors qu’il sentait sa force se décupler un peu plus à chaque seconde. N’existait plus ni la douleur, ni la fatigue.
C’est ensuite dans son esprit que tout changea. Il n’était plus un simple barbare habitué à taper fort et à moduler ses accès de rage, il était tellement plus que ça. La magie s’exprimait en lui.
Le souvenir d’un conte sur un être hybride, fruit de l’union d’un barbare et d’une ensorceleuse lui revint à l’esprit… Appartenait-il lui aussi à cette ancestrale lignée souvent considérée comme une légende et crainte de tous ? Les sanguins…
Affranchi de la lourdeur de son corps et du poids des remords, il cessa de réfléchir à cela et il lui sembla s’élever comme si plus rien n’avait d’importance.
Se laissant posséder par cette intense force, Sorghôl bondit encore et encore.
Cela dura peut-être des heures ou seulement quelques secondes.
Et, bientôt, ne retentirent plus que ses vagissements cruels et son rire inhumain.
Lorsqu’il s’effondra, anéanti par une vague d’épuisement, sa vue s’éclaircit peu à peu.
Il ne restait face à lui qu’une infâme bouillie, mélange de chair et d’os.
Apercevant le corps inerte de Mila, Sorghôl comprit qu’il avait développé d’étranges pouvoirs encore incontrôlables et qu’il avait anéanti la seule personne capable de le soutenir dans cette épreuve.
Alors Sorghôl partit pour ne plus jamais se retourner, laissant derrière lui ce paysage désolé où se dressaient des tentes enflammées et où des membres éparpillés fleurissaient dans des marres de sang noirâtre.
N’avez-vous jamais entendu parler du massacre de la tribu Gränk ? C’est ainsi qu’elle entra dans la postérité, mais nul ne sait ce qui s’est réellement passé ce jour là, ou peut-être bien que Sorghôl le sait lui…
PARTIE V
Fuyant le plus loin possible du campement et de ses souvenirs, Sorghôl resta des jours à errer dans les collines. Il ne pensait ni à se nourrir ni à s’arrêter et ses seuls moments de repos étaient ces instants fugaces où, épuisé, il tombait dans une sorte de coma profond durant quelques heures avant d’être éveillé en sueur par d’atroces cauchemars.
Comme un animal Sorghôl se cachait et ses instincts finirent par reprendre le dessus. Il se mit à chasser et à tuer pour survivre, grognant sans cesse et oubliant qu’il avait un jour été un demi-orque respecté et aimé de toute une tribu.
Ne restait ni avenir glorieux, ni rêve de grandeur pour Sorghôl, cette vie animale lui semblait être la seule alternative.
Grâce à son air intimidant et à ses crocs acérés, les autres créatures le laissaient tranquille et il pensait pouvoir continuer ainsi pour toujours.
Pourtant un matin, alors qu’il partait cueillir de quoi se nourrir, il se retrouva en situation de faiblesse.
Entouré par qautre trolls de glace, Sorghôl sentit que l’issu du combat ne serait pas plaisante. Un instant il pensa que sa légendaire chance s’était enfin décidé à l’abandonner définitivement.
Mais au moment où il entrait en rage, espérant tuer au moins quelques-uns de ses ennemis avant de succomber sous leurs coups, il vit une épée longue découper la tête d’un des trolls.
Avant que sa vue ne soit brouillée par sa rage sanguine, il eu le temps d’apercevoir celui qui venait de tuer le troll.
Un grand guerrier vêtu d’une armure luisante et maniant son épée avec des mouvements aussi rapides que précis.
Sous l’effort combiné de nos deux combattants, les trolls tombèrent un à un en quelques minutes.
C’est ainsi que Sorghôl croisa le chemin du caporal Malak Ness. Un humain… Lui qui n’avait encore jamais eu affaire à cette race ne savait pas trop qu’en penser. Il les avait toujours cru faibles et plaintifs, pourtant ce guerrier s’était montré valeureux et fort et il venait très certainement de lui sauver la vie. Il semblait avoir agi par simple bonté d’âme, sans arrières-pensées, ce qui laissa Sorghôl surpris.
Comme si il sentait la douleur sourde de Sorghôl cet homme ne chercha pas à le faire parler, il se contenta de lui sourire et de lui proposer de faire route ensemble un moment.
Pour la première fois depuis des années Sorghôl se dit qu’il avait peut-être enfin rencontré quelqu’un qui valait la peine de sortir de sa torpeur…
Il accepta cette proposition d’un grognement, prêt à laisser derrière lui son passé désolé pour faire face à l’avenir.
Et dieu sait que son avenir serait glorieux . Ne vous ai-je pas dit que Ceux qui se Penchent sur les Berceaux ne se trompent jamais ?
PARTIE VI
Sorghôl voyageait depuis déjà plusieurs mois avec la caporal Ness lorsque ce dernier fût réquisitionné pour une mission de la plus haute importance : se joindre à une caravane partant à l’exploration des terres gelées du nord.
Des terres dangereuses et inconnues dans lesquelles l’empire aimerait poser une porte magique, sorte d’arche permettant de joindre la capitale.
Bien sûr le caporal Ness proposa à Sorghôl de venir avec lui, arguant qu’un combattant supplémentaire ne serait pas de trop.
Sorghôl n’hésita pas longtemps. Il vit dans cette opportunité la possibilité de fuir, comme si la distance pouvait lui permettre d’oublier un peu plus son passé.
C’est ainsi qu’il se retrouva au sein d’une troupe de guerriers et d’explorateurs.
Tant d’inconnus… Les débuts ne furent pas facile et à plusieurs reprises Sorghôl songea à quitter la caravane, puis, il finit par décider simplement de les ignorer de son mieux.
Ce n’était pas si compliqué après tout puisque la plupart lui semblait assez peu digne d’intérêt.
Certains cependant attirèrent son attention.
Knaxx pour ses talents d’alchimiste qui ne cessaient de l’impressionner, Fawke pour sa puissance évidente et Dokir un demi-orque lui rappelant son enfance.
Eux seuls trouvaient grâce à ses yeux, peut-être parce que le caporal Ness semblait les apprécier. Alors il se fia à son jugement.
Au bout d’un long mois à traverser des steppes froides, il fût temps de rejoindre un village de barbares dont quelques traces écrites demeuraient dans de vieux registres.
Plusieurs personnes furent désignées. Sorghôl, Dokir, Knaxx, Fawke, le caporal Ness et le chef de la caravane, Thullium partirent donc en direction de la tribu.
Avant même d’arriver au village il furent interceptés par des barbares camouflés, tous habillés de blanc et portant à la ceinture un étrange cristal vert. Ceux-ci acceptèrent de les mener jusqu’à leur camp pour qu’ils rencontrent le chef.
Quelle ne fût pas la surprise de Sorghôl lorsqu’il vit que ce « petit » village aux pieds des montagnes était en fait habités par plus de 150 personnes !
Rapidement le groupe fût conduit dans un grand bâtiment proche d’un totem en pierres et cristal vert représentant la déesse Lysan.
Les aventuriers n’eurent pas longtemps à attendre avant que le chef fasse irruption dans la salle. Très grand, couvert de cicatrices récentes et de fort mauvaise humeur, il pesta un moment avant d’accepter de parler avec Thullium pour négocier l’installation de l’arche de Tilis dans le village.
Alors que l’entretien durait et que ses compagnons exploraient le village, Sorghôl attendait.
Il n’observait même pas les environs, n’écoutait pas les conversations, il attendait juste. Mais si quelqu’un lui avait demandé ce qu’il attendait ainsi, il aurait eu bien du mal à trouver une réponse.
Assis dans un coin de la grande salle il semblait pareil à une statue de glace et ce n’est que lorsque le Caporal Ness vint le chercher qu’il sortit à son tour du bâtiment.
Les autres lui expliquèrent que Knaxx s’était fait un allié parmi cette tribu et qu’il avait ainsi appris l’importance des cristaux verts portés par chaque habitant. En nombre limité, ils étaient transmis à la mort de leur propriétaire afin que chaque habitant en ait un et quiconque perdait le sien était banni du village.
Ensuite ils lui dirent que le chef était blessé car il revenait d’une exploration ayant mal tournée et que de nombreux guerriers partis avec lui n’étaient pas revenus ou bien très mal en point, meurtris par une étrange créature dont ils prononçaient le nom avec crainte : le Roeglainn.
Ils lui exposèrent une idée aussi dangereuse qu’excitante : partir à la chasse au Roeglainn afin de récupérer les cristaux de vie et de les ramener à la tribu.
Alors il accepta de bonne grâce de les accompagner, satisfait de voir qu’il n’avait finalement pas attendu pour rien et ragaillardi à la perspective d’un combat.
Dokir pista les traces des guerriers et au bout d’une petite heure ils arrivèrent sur le lieu d’un combat où ils virent de nombreuses tâches de sang et d’immenses traces de pas suivies d’une traînée partant vers l’est. En les suivant ils s’aperçurent que la taille des traces changeait tout à coup, diminuant comme si le monstre avait été sous l’effet d’un sort d’agrandissement.
D’autres empreintes de pas se joignaient aux premières un peu plus loin. Celles d’un quadrupède et celles d’un humain, sûrement des complices du Roeglainn.
Au bout d’une nouvelle heure de pistage, les aventuriers remarquèrent des traces de lutte et des pas s’éloignant à l’opposé de ceux du Roeglainn… Une victime en fuite ?
Décidant d’en avoir le cœur net, ils partirent en direction de ces traces.
Sur le chemin, un premier loup les attaqua par surprise en sautant sur le druide ! Mais rapidement Le caporal Ness et Sorghôl en vinrent à bout. Knaxx aperçut un second loup et le druide l’immobilisa grâce à un sort. Alors qu’ils s’apprêtaient à continuer leur chemin, un troisième loup les attaqua ! Le paladin le tua alors même que Sorghôl portait un coup de grâce sur le second loup toujours immobilisé.
Ne s’attardant pas plus, Sorghôl et ses compagnons reprirent la route. C’est ainsi qu’ils trouvèrent un survivant bien mal en point, inconscient auprès de deux cadavres de loups.
Une fois soigné, il leur raconta avoir été capturé par le Roeglainn puis attaqué par des loups après s’être échappé du sac dans lequel il était enfermé. Depuis le sac il avait pu entendre le Roeglainn parler à quelqu’un dans une langue qui lui était inconnu.
Avant de partir rejoindre sa tribu, ce survivant leur offrit une amulette protectrice que Sorghôl s’empressa d’enfiler.
Heureux d’avoir pu sauver au moins un des guerriers, ils rejoignirent les traces du Roeglainn, encore plus décidés à le retrouver !
Arrivant dans une grotte, Knaxx désamorça un piège repéré par le paladin juste avant que le caporal Ness ne marche dedans.
Dans l’antre de la grotte, ils prirent un large passage au nord, tentant d’être le plus silencieusement possible. Malheureusement, le paladin en armure et le druide admiratif face aux roches des parois de la grotte, ne furent pas très discrets.
Au bout du couloir les aventuriers débouchèrent dans une grande salle pleine de débris de roches avec une ouverture masquée par un rideau de peau dans le mur d’en face et un petit passage glacé sur la gauche.
Une voix s’éleva de derrière le rideau, alors le paladin et Sorghôl burent des potions pour devenir plus grands et forts alors que l’alchimiste buvait un mutagène pour améliorer aussi certaines de ses capacités.
Une grosse main écarta le rideau, laissant apparaître un étrange géant à tête plus ou moins humaine ornée de deux défenses. Knaxx, très réactif, lança une fiole de graisse sur le sol pour gêner son avancement alors le monstre recula, se cachant à nouveau derrière le rideau, et appela en renfort une autre créature.
Sans plus attendre, Sorghôl déchira le rideau à coups de griffes, découvrant le géant accompagné d’un grand chien et d’une vieille magicienne un peu en retrait.
Alors le combat débuta.
D’abord Knaxx lança une bombe sur le géant et le chien, puis le druide attaqua à coups de flammes magiques.
Essuyant les virulents coups de hache du géant, Sorghôl, le caporal Ness et le paladin, se mirent peu à peu à faire des dégâts au corps-à-corps.
La magicienne lança alors un sort sur le paladin.
Aveuglé, il recula à tâtons puis fût tiré en arrière par le caporal Ness cherchant à le protéger.
A défaut de pouvoir continuer à attaquer les ennemis, il promit de soigner au mieux ses compagnons et s’exécuta avec Sorghôl, non sans mettre un peu le doigt dans son œil au passage.
Un soin particulièrement bienvenu puisque quelques secondes après le géant assénait un grand coup de hache sur le visage de Sorghôl.
Le chien, affaibli et englué dans la graisse, fut tué par le caporal Ness au moment même où le druide achevait le géant à coup de flammes enchantées.
Knaxx lança un sort sur la magicienne pour la rendre plus facile à atteindre et Sorghôl en profita pour la rejoindre en quelques acrobaties et la tuer d’une violente morsure.
Le groupe fouilla la grotte pour récupérer les cristaux verts avant de rentrer auprès de la tribu barbare où Thulium était encore en réunion avec le chef de clan. Il furent acclamés et la soirée s’écoula dans une ambiance festive.
Après quelques jours de halte dans cette tribu et l’installation de l’arche, il fût temps pour la caravane de repartir à la conquête des terres du nord…
PARTIE VII