Monde
Campagne : Le Coeur du Tisse-Monde
Campagne flexible : L'arche de Tiliss [FIN]
Campagne : Le Sang du Dieu-Dragon [FIN]
Campagne Flexible : Le Motrëen Perdu
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Les Yuan-ti sont des créatures situées entre l'homme et le serpent. D'une stature très similaire, ils diffèrent des humains par des yeux en amande, des lèvres très fines, une langue fourchue, et par leur peau constituée de fines écailles. Capables de modifier subtilement la couleur de leurs écailles, ils sont, sans s'approcher, difficiles à distinguer d'un humain.
Peu sociaux mais rusés et intelligents, ces êtres vivent en petits groupes clairsemés et discrets, de souvent moins de dix individus, à travers tout le Ténélion. Les Yuan-ti se considèrent comme supérieurs à l'homme sur tous les plans, et la grande majorité évite les contacts non-indispensables avec les races civilisées. Quand bien même un tel contact est nécessaire, ils emploient tous les moyens à leur disposition pour se faire passer pour des humains. Une portion importante des Yuan-ti considère la domination du monde par les humains comme un problème, et n'hésite pas à conspirer et à effectuer des actes considérés par ces derniers comme mauvais. Ces relations violentes font des Yuan-ti une race haïe dans la majorité des contrées du Ténélion. Pour des raisons aussi diverses que la curiosité, la perfidie, l'amour ou le viol pur et simple, il arrive que des unions charnelles entre Yuan-ti et Humains ou Elfes aient lieues. Ces liens, lorsqu'ils sont consentis, sont dans l'immense majorité du Ténélion, pour les grandes races autant que pour les Yuan-ti, considérées comme particulièrement malsains, hérétiques voir passibles de la peine capitale.
De ces actes plus ou moins courants, il résulte parfois la naissance d'enfants sang-mélés.
Sans beauté ni talents particuliers, ces êtres fortuits sont systématiquement rejetés par les races qui les ont consues, lorsqu'ils ne sont pas abattus à la naissance.
En raison de leur langue souvent fourchue dont ils ne savent pas se servir correctement pour parler le commun, les grandes races surnomment de manière très péjorative ces sang-mêlés, “Des Fourchelangues”.
Le Fourchelangue est un humain sang-mêlé Yuan-ti de petite stature. Relativement fin pour un humain, ses muscles qui roulent au moindre de ses mouvements trahissent cependant une force incroyable, et non-dépourvue d'une certaine grâce.
Son lignage Yuan-ti est particulièrement flagrant. A une dizaine de mètres et vêtu, il passerait sans problème pour un humain. Mais en s'approchant, on remarque que des plaques de fines écailles dont la couleur diffère légèrement de sa peau le couvrent ça et là, y compris sur son crâne rasé. Cette particularité est plus ou moins visible suivant l'époque de l'année : l'été, le soleil tanne la peau du Fourchelangue et diminue le contraste avec ses écailles. Ainsi, à la belle saison, seul l'absence de poils et le fait qu'elles brillent légèrement au soleil peuvent permettre à l'oeil non-avertit de les remarquer sans s'approcher de très prés. Mais même alors, ses yeux au large iris couleur or et taché finement de noir, et ses deux pupilles en amandes formant un “V”, ne laissent aucun doute sur l'impureté de son sang. Sa bouche vient confirmer ce lignage malsain, très droite, et bordée de lèvres anormalement fines et faites d'écailles. Mais sa particularité la plus flagrante est sa langue à deux extrémités, mélange entre une langue humaine et serpentine. A cause d'elle, lorsqu'il parle, Le Fourchelangue “sossotte”. Ceci inspire chez la quasi-totalité des rares qui daignent s'abaisser à échanger quelques mots avec lui un dédain profond, ou au mieux une pitié mêlée de gêne.
Lorsqu'on lui demande son nom, il répond systématiquement, et non sans défiance, “Je ssuis Le Foursselangue”. Certains qui ne peuvent se résoudre malgré leur dédain à appeler une créature dotée de conscience par autre chose que par un nom l'appellent simplement “Fourchelangue”. Le Fourchelangue possède un autre nom : rare sont ceux à le savoir, bien plus rare encore sont ceux à le connaitre.
Le trait moral le plus marqué chez Le Fourchelangue est qu'il transforme le dédain et la pitié des êtres qui l'entourent en complexe de supériorité marqué. Chaque remarque, chaque mot dépréciateur - et jusqu'à son nom “Le Fourchelangue”- éveille en lui une envie de prouver aux gens qu'ils se trompent et qu'il est en réalité un être fabuleux. Son objectif dans la vie est de devenir un grand héros respecté de tous, et ce malgré son sang malsain.
Dans le plus ancien souvenir qu’il gardait de son enfance, il devait avoir 4 ou 5 ans. Il était assis par terre, dans la cuisine. Sa mère cuisinait, probablement un gâteau, et lui s’amusait avec son chariot en bois qu’il imaginait attaqué par des bandits. Soudain, un cri retentissait. Il levait la tête pour apercevoir un projectile traverser la fenêtre dans un grand fracas, puis rebondir sur la tête de sa mère. Celle ci s’effondrait devant lui, la tête en sang. Il s’en était suivi une violente dispute entre sa mère et sa famille, dont il avait entendu la rumeur malgré sa mise à l’écart dans sa chambre. Mais il n’en avait découlé pour lui, aucune conséquence. C’est quelques mois plus tard que sa vie avait changé pour la première fois. Il était sortit jouer avec son ami Kliss, qui était un peu plus âgé que lui. Comme à chaque fois, sa mère l’avait laissé sortir avec une appréhension qu’elle ne pouvait dissimuler. Au détour d’une ruelle, un petit groupe de gamins d’une dizaine d’années leur était tombé dessus. Kliss avait changé plusieurs fois de couleur sous les insultes des enfants que lui ne comprenait guère, puis il avait sauté sur l’un d’entre eux pour le rouer de coups. Les deux autres, qui n’attendaient que cet instant été entrés immédiatement dans la bagarre, libérant leur collègue de l’étreinte de Kliss à coups de coudes et de pieds. Le petit fourchelangue s’était alors jeté sur le plus grand des gamins, le martelant de ses petits poings sans que cela n’eut plus d’effet que des chatouilles. Ce dernier l’avait envoyé valser contre un mur, et le sang-mêlé était tombé à terre sous le choc. Il aperçut son ami, à terre, qui se faisait rouer de coup sous les “voilà ce qui arrive à ceux qui traînent avec les bâtards impurs !” Le sang battait à ses oreilles. Sans réfléchir, il avait saisit le petit objet sur lequel il s’était coupé la main en tombant et s’était jeté dans la mêlée, le long clou rouillé serré dans son poing.
Bientôt trois ans. Cela ferait bientôt trois ans qu’il serait avec son père parmis les Yuan-Ti. L’incident avec Kliss avait de nouveau fait éclater une dispute au sein de sa famille maternelle, mais bien plus sérieuse. Un de ses agresseurs s’en était sortit avec seulement quelques trous dans la peau, mais les deux autres avaient fini inconscient et se vidant de leur sang. Il n’avait pas revu son ami et il ne savait pas dans quel état il s’en était sortit. Plus que sa famille, c’était le village tout entier qui avait grondé après “le monstre”, “l’animal sanguinaire”, et sa mère n’avait eu d’autre choix que de se séparer de lui. Depuis il vivait au sein de la tribu Yuan-Ti de son père. Sédentaire, elle vivait de chasse et de quelques razzias. A seulement 8 ans il avait développé des aptitudes impressionnantes à la chasse, et à l'entraînement il se battait contre des enfants bien plus grands que lui, parfois même des adolescents qui avaient déjà connu le combat réel. Et il lui arrivait régulièrement de les battre. Il encaissait les coups comme personne et frappait avec une puissance digne d’un homme mûr. Loin de lui attirer le respect des autres, comme cela eût été le cas venant d’un autre enfant de la tribu, c’est la haine qui s'abattait sur lui. Son sang était considéré comme aussi impur que lorsqu’il était parmi les humains, et seul son père semblait en faire abstraction. Pire, sa force et sa puissance étaient considéré comme dérivant de l’union impure de ses parents, et non pas comme un simple don. Il était seul comme jamais, et chacun de ses efforts se retournait contre lui. Et aujourd’hui le Conseil statuait sur son droit d’appartenir à la tribu.
Kliss avait beaucoup changé. Du haut de ses un mètre soixante-dix, il faisait bien plus que ses 13 ans. Comme tous les soirs depuis bientôt un an, il venait de passer deux heures à échanger des passes d’arme avec son ami au sang-impur, dans la cave de Lady Lindholm. Celle-ci avait du déménager après les évènements survenus trois ans auparavant, mais sa fortune l’avait en grande partie suivie, et elle n’avait eu que peu de mal à s’installer à Colatti. Les parents de Kliss, ses domestiques, l’avaient naturellement suivie avec leur jeune garçon. Mais lorsque son amant d’antan avait débarqué avec leur fils, Lady Lindholm n’avait pu se résoudre à saboter sa réputation naissante en reconnaissant un bâtard au sang impur. Pour tous, c’était un simple orphelin que la dame avait prit en pitié. Malgré ce mensonge, la nouvelle lui avait fait de l’ombre et elle se gardait bien d’être vue en sa compagnie. Le gamin à la peau écaillée passait son temps à vagabonder seul. Kliss avait la ferme interdiction de ses parents d’être vu avec lui, mais de temps en temps ils s’enfuyaient tous les deux dans la forêt environnante et le fourchelangue s’efforçait d’apprendre la chasse à l'apprenti soldat. Ce dernier lui apprenait en échange les passes d’armes qu’il avait appris la journée, et souvent le sang mêlé les assimilait plus rapidement que son maître pourtant raisonnablement doué. Cette soirée là, Kliss lui avait fait remarqué que s’il excellait en attaque, le “dragon” comme il le surnommait affectueusement -à cause de ses assauts soutenus et de son air féroce lorsqu’il se battait- avait de sérieuses lacunes à combler en défense. Il sortit dans la nuit, fuyant le sommeil. Il avait toujours préféré la nuit ; souvent, l’obscurité masquait son lignage et il était moins montré du doigt. Il aperçut à l’autre bout de la rue deux silhouettes armées qui en coursaient une troisième. Il accéléra le pas.
Il ne reverrait probablement jamais ses parents. Bon débarrât, ils n’avaient guère eut eu plus d’égard à son encontre que la plupart des autres, l’acceptant sans pour autant lui porter la moindre affection, pas même celle de le laisser mourir. C’était pour Kliss que cela était plus dur à accepter. L’histoire se répétait. Il avait tué les deux hommes qui s’en étaient pris à l’autre fourchelangue, mais celui-ci avait succombé aux blessures cruelles que les deux hommes lui avaient infligé avant son arrivée. Personne n’avait cherché à comprendre, les fourchelangues étaient les agresseurs et les deux hommes les agressés. Trop jeune pour être condamné à mort, il l’avait été à l'exil à jamais. La mère de Kliss avait eu pour ordre de le laisser au Monastère de Rocrem. La somme considérable qu’elle avait remit aux moines lui avait confirmé que sa propre mère était derrière tout ça. Il allait montrer à ces moines ce qu’il valait.
Il s’allongea à même le sol, près d’un arbre à une quinzaine de mètres de la route, et aperçut avant de fermer les yeux les lumières de Riv à l’horizon. Les mots de maître Roc’Ham, pourtant vieux de plus d’un an, raisonnèrent une fois de plus dans son esprit. “-Tu es agile, sage, et surtout fort, mais tu n’as pas en toi la paix et la discipline nécessaire pour devenir un vrai moine de Rocrem. Cela fait 8 ans que tu es parmi nous, et tu te bats toujours seulement avec tes poings, et jamais avec ton esprit. C’est pourquoi tu dois partir afin de trouver ta propre voix. -Partir ? mais Maître Roc’Ham, je suis le meilleur de vos apprentis ! Encore aujourd’hui j’ai… -C’est faux, Feu-de-Dragon. Il est vrai que tes prouesses martiales sont impressionnantes, et m’ont poussé à essayer de t’enseigner la voix de Rocrem. Mais il semblerait que Roc’Illo avait raison, un être de ton sang n’en a pas les capacités. Lorsque tu atteindras la majorité, tu devras partir, ta place n’est pas ici, fourchelangue”
Fourchelangue… Il sombra dans le sommeil.